La nature, et plus encore la montagne, nous subjugue par sa beauté et son côté si majestueux.
Comment ne pas être captivé par une magnifique photo de montagne enneigée se fondant dans les nuages ?
C’est toute la grandeur de la nature qui se dévoile avec un côté mystique qui nous attire inexorablement.
Capter des images capables de révéler dignement toute la beauté de la nature, c’est toute une aventure que le photographe vit au quotidien.
Derrière chaque cliché des Alpes suisses ou françaises prise par Thomas Crauwels se cache toute une histoire : des recherches, une attente, des espoirs et une expédition vers les meilleurs points de vue pour immortaliser ces instants uniques.
De l’aventure à la photo, Thomas Crauwels nous raconte…
De photo en photo, on retrouve une ambiance spécifique, est-ce que tu cherches cela ou est-ce une forme de hasard ?
Il faut savoir que je viens de Belgique, un pays qui n’est pas vraiment réputé pour ses hauts sommets.
Quand je suis arrivé en Suisse, j’ai été subjugué par les montagnes. Ce n’est pas simplement la beauté du paysage qui m’émerveille, mais cet aspect à la fois protecteur et menaçant des hauts sommets qui nous entourent.
Selon la météo, et typiquement juste après les chutes de neige et avant le retour du soleil, les montagnes dévoilent une ambiance magique, voire mystique.
C’est cette ambiance si particulière que je cherche à immortaliser à travers mes photos.
Je souhaite que lorsque les gens se trouvent face à l’un de mes clichés ils arrivent à ressentir cette émotion très particulière.
Depuis mes débuts, je cherche donc cette ambiance spécifique, que j’aime traduire dans des clichés en noir et blanc, qui mettent en avant le contraste entre l’ombre et la lumière.
Comment fais-tu pour trouver le moment parfait ? Est-ce que tu pars en montagne avec ton appareil photo autour du cou en espérant être au bon endroit au bon moment ?
Ce moment parfait, où la montagne est encore saupoudrée de neige et commence juste à se découvrir de ses nuages, ne se produit que quelques fois par an pour un lieu donné.
Il n’y a donc pas de place au hasard, même s’il y a, je dois l’avouer, toujours une petite part de chance.
Avant chaque photo, il y a une veille météorologique quotidienne.
Cette surveillance peut durer des semaines ou des mois. Par exemple, il y a aujourd’hui plus de 6 semaines que je ne suis pas sorti pour prendre un cliché, car il n’y a pas de précipitations.
Pour surveiller l’évolution de la météo, je m’aide d’applications et je suis en contact avec des météorologues indépendants.
Quand je vois des prévisions météo qui collent avec ce que je recherche pour l’un des sommets que je veux photographier, je mets le reste en suspens et j’organise le déplacement, généralement quelques jours après.
Cela demande une grande flexibilité du quotidien, car je peux très bien décider 3 jours avant de partir à l’autre bout des Alpes.
Mais les prévisions météo ne sont jamais fiables à 100%, et c’est encore plus vrai en montagne.
Il m’arrive donc régulièrement de me déplacer et de ne pas trouver l’ambiance que je recherche. Je rentre donc sans le cliché parfait que j’espérais et je continue la veille pour obtenir une nouvelle opportunité.
Comment choisis-tu les points de vue pour tes photos de montagnes ? Est-ce que tu sors des sentiers battus à la recherche de l’endroit idéal pour avoir l’angle parfait ?
Trouver le bon point de vue ne s’improvise pas.
Tout d’abord parce qu’il serait dangereux de partir à l’aveugle, et ensuite parce qu’un bon point de vue ne se trouve pas par hasard.
Avant toute chose, quand je décide que je vais photographier tel ou tel sommet, je me plonge dans des cartes et notamment sur Google Earth, pour prendre connaissance du terrain.
C’est à ce moment-là que je présélectionne les différents endroits où je pourrai me poster pour avoir un bon angle.
Le jour J, je sais donc où je dois me rendre pour arriver à attraper le bon instant au bon endroit.
C’est un travail de longue haleine, qui est capital pour augmenter mes chances d’avoir ce que je cherche et de ne pas rentrer sans photo.
Tu pars régulièrement en montagne, comment prépares-tu tes sorties ? Est-ce que tu suis une préparation physique spécifique ?
Tout d’abord, je ne suis pas alpiniste de haut niveau, je reste sur les voies normales dites les plus faciles ou les moins engagées.
Je sélectionne mes points de vue en fonction de mon expérience en montagne.
De ce fait, je ne suis pas une préparation physique spécifique comme pourraient le faire des alpinistes.
Par contre, j’entretiens ma forme physique avec des sorties régulières en montagne.
Ça me permet de rester prêt à tout moment !
Pour certains sommets, il n’y a pas de points de vue accessibles par la terre. Dans ce cas, j’ai la chance de pouvoir faire appel à un hélicoptère.
Cela me permet de rendre possibles certains angles du massif qu’on ne peut capturer de nulle part ailleurs.
Cela me tient à cœur d’immortaliser ces montagnes notamment pour les générations futures !
Interview : Helen Royce pour Alpine Arts Gallery