Sur les hauteurs du Val d’Anniviers, au cœur de la Couronne impériale de Zinal, se dresse un sanctuaire sans égal. Un refuge de montagne dont son histoire honore la grandeur des Alpes suisses. La cabane du Grand Mountet, paisible et authentique, nous dévoile les merveilles insoupçonnées d’une nature saisissante. En tant que photographe, ce havre constitue mon point de départ pour immortaliser la splendeur des sommets qui l’entourent. Je vous présente l’histoire, l’itinéraire d’accès et les différentes courses d’alpinisme réalisables depuis la cabane du Mountet.
Cabane du Grand Mountet : joyau de la Couronne impériale
Au cœur de la Couronne impériale de Zinal, où trônent les sommets et leurs glaciers étincelants, repose la cabane du Grand Mountet. Perchée à 2886 mètres d’altitude, sur la rive droite du glacier de Zinal, le refuge s’entoure des géants : le Weisshorn, le Zinalrothorn, l’Obegabelhorn et la Dent Blanche. Point de départ de courses de montagne mythiques, il accueille les aventuriers avides de défis. Entre mars et mai, les skieurs parcourent les pentes enneigées et s’émerveillent devant les splendeurs des Alpes pennines. Puis, de la mi-juin à la mi-septembre, les randonneurs et alpinistes rejoignent l’abri, chacun en quête d’instants suspendus.
Depuis le village de Zinal, le sentier menant à ce havre de paix sublime la beauté des Alpes. Nos pas empruntent d’abord un chemin forestier, avant de gravir les flancs escarpés. Puis, nos yeux se posent sur le titan de cristal : le glacier de Zinal. La traversée de la célèbre passerelle marque l’apogée de cette marche de quatre heures et demi.

Cabane du Grand Mountet : Histoire d’un refuge au cœur du Val d’Anniviers
Au cœur des Alpes suisses, s’élève la cabane du Grand Mountet. Fruit de détermination et de coopération, son histoire a été façonnée par l’audace des hommes.
Le 22 juillet 1872, le refuge émerge des profondeurs de la terre. Quel défi fut que l’édification de cette cabane ! Transporter les matériaux et les outils à travers les étendues de glace, d’abord à dos de mulets, puis à bras d’hommes… L’endurance et la détermination des bâtisseurs de ce projet est infaillible.
Au fil des années, l’espace restreint de la cabane se fait ressentir. Initialement conçue pour abriter seulement huit personnes, la nécessité de construire un nouvel abri devient inévitable. Le 3 septembre 1888, une nouvelle cabane voit le jour, cette fois-ci capable d’accueillir trente personnes. Un banquet fastueux célèbre son inauguration. M.P.-E. Dutoit, président de la section des Diablerets du Club Alpin Suisse, baptise ce nouveau joyau du nom de « Constantia ». « Vive Constantia ! » répondent en chœur les invités, leurs voix s’élevant comme une offrande à l’immortalité de ce lieu.

Un demi-siècle s’écoule, et le refuge, usé par le temps, est prêt pour une nouvelle page de son histoire. En 1943, alors que la guerre déchire le monde, de nouveaux projets de construction prennent forme. Finalement, l’abri renaît de ses cendres, se redressant en tant que gardien fidèle des sommets de la Couronne impériale. Il offre de nouveau son hospitalité aux alpinistes en quête de découverte et de liberté.
En 1996, pour répondre aux besoins croissants de la communauté alpine, le refuge s’agrandit significativement. Le Club Alpin Suisse assure avec rigueur l’entretien de ce lieu tant convoité, veillant à ce qu’il reste un havre pour les amoureux des montagnes.
La cabane du Grand Mountet résonne à travers les siècles. Tel un phare dans l’océan des sommets, elle sert de repaire aux alpinistes qui s’aventurent vers les plus belles cimes de Suisse.
Cabane du Grand Mountet : chemin d’accès

En été, le sentier commence depuis Zinal. Village pittoresque du Val d’Anniviers, il garde les secrets des sommets de la Couronne impériale. Nous entamons la marche le long du Plat de la Lé avant de rejoindre la Naviscence. Longue de 23 kilomètres, cette rivière prend sa source dans la fonte des glaciers du Weisshorn, de Moming et de Zinal. Nous franchissons un pont pour arriver sur la rive droite de la Naviscence. Autrefois, le chemin se prolongeait sur la rive gauche, traversant le magnifique Plan des Lettres pour atteindre la cabane du Petit Mountet. J’ai eu la chance d’emprunter cet itinéraire en 2013. Déjà à l’époque, la descente vers le glacier de Zinal par la moraine, au point 2481, était particulièrement périlleuse. Aujourd’hui, grâce à l’intervention de l’armée, le sentier a été modifié et sécurisé. Nous passons à présent près du Besso. Montagne emblématique du Val d’Anniviers, son nom signifie « jumeau », en référence aux deux pics qui couronnent son sommet. Le parcours se poursuit jusqu’à une passerelle, avant de remonter un sentier devenant plus raide et rocailleux. Prenez garde aux chutes de pierres, car la montagne montre parfois ses caprices… Enfin, émerge la cabane du Grand Mountet, éclatante, comme un joyau parmi les diamants de roche et de glace.
En hiver, l’abri ouvre ses bras aux skieurs. Depuis le village de Zinal, le parcours emprunte le vallon sur la rive gauche de la Navisence, jusqu’à son extrémité. Nous entamons ensuite la montée du vallon, jusqu’au glacier de Zinal. À son bout, nous apercevons la célèbre grotte de glace, une cavité naturelle creusée par des torrents qui s’écoulent. De couleur bleuâtre, elle scintille au milieu des montagnes. À environ 2650 mètres d’altitude, après avoir sillonné entre les crevasses, nous nous dirigeons vers la gauche pour s’élever dans une pente raide de 100 mètres. Cette montée marque le dernier effort à affronter après des heures de progression sur du faux plat, souvent sous un soleil intense. Nous longeons la moraine, puis, la cabane apparaît, solitaire au milieu de cet univers de blanc immaculé. Et si je peux vous offrir un conseil, partez de bonne heure. La montagne révèle ses dangers aux alpinistes qui s’attardent à la tombée de la nuit.
Cabane du Grand Mountet : point de départ des courses d’alpinisme

En hiver, le passage à la cabane du Grand Mountet devient une étape incontournable des skieurs parcourant la Haute Route impériale de Zinal. Cette course de montagne, célèbre et exigeante, se faufile parmi les plus majestueux 4000 des Alpes suisses. De St. Luc à Ferpècle ou Zermatt, l’itinéraire défie l’endurance et la détermination de chaque alpiniste qui emprunte le chemin. Arrivant au refuge, l’homme à l’esprit aventureux, déjà tourné vers la prochaine étape, le Schönbielhütte, s’abandonne au silence solennel des hauteurs. La cabane du Mountet sert également de repaire aux alpinistes du Tour de la Dent Blanche. Surnommée “Monstrueuse conquête”, jamais je ne me lasserai d’immortaliser la Dent Blanche, surtout lorsqu’elle se révèle à moi, drapée de sa parure resplendissante après la tempête.
Lorsque la saison d’alpinisme bat son plein, les sommets se tiennent prêts à être conquis. Voici les protagonistes qui attendent leur vainqueur. Le Besso, une ascension en aller-retour. Ensuite, le Blanc de Moming par l’arête sud-ouest ; puis le Zinalrothorn par l’arête Nord, dont la silhouette presque animale rend la course de montagne poétique. Il brille entre les 4000 comme un monstre marin surgissant des profondeurs. L’Obergabelhorn attend à son tour d’être dompté. Je me souviens du printemps 2016 lorsque j’ai capturé ce sommet en photographie. Le mauvais temps était annoncé. Je quittais le refuge de nuit pour monter en peaux de phoque jusqu’à l’emplacement idéal. Plus j’avançais, plus le doute s’installait. Parviendrais-je à réaliser mon œuvre avant que la tempête ne l’emporte ? Finalement, au lever du jour, l’Obergabelhorn s’était dévoilé sous une lumière unique. Un souvenir qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. Mais laissons mes récits de côté pour terminer notre tour d’horizon des colosses. Le mont Durand et la Pointe de Zinal par le col Durand, la Dent Blanche, enfin, le Grand Cornier concluent les épopées alpines accessibles depuis la cabane.

D’un modeste abri, la cabane du Grand Mountet s’est transformée en un point de passage incontournable dans la Couronne impériale de Zinal. Au-delà de l’éclat que lui confère son histoire, je garde pour elle un attachement indéfectible. Nourrie par mes nombreux séjours entre ses murs, l’affection que je lui porte est immuable. Fruit de mes ascensions et de mes œuvres les plus significatives.
Sources :