Héritier de la galerie John Mitchell Fine Paintings à Londres, William Mitchell cultive une passion pour l’univers de la montagne. Au cœur de sa maison d’art, peintures et photographies alpines ornent les murs, mettant en lumière les artistes les plus renommés des Alpes. Enthousiaste, William Mitchell n’a qu’un objectif en tête : montrer aux Britanniques la majesté des sommets. Là où l’art rencontre la montagne, le directeur, à travers les œuvres qu’il expose, rend hommage au monde des pyramides de roche. Rencontre avec William Mitchell, le Londonien et admirateur des cimes.
La galerie John Mitchell Fine Paintings : écho de l’art alpin au cœur de Londres
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la galerie ? Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans la photographie et les peintures de montagne ?
La galerie a été fondée en 1931 par mon grand-père. Mon père a ensuite repris le flambeau avant que mon frère et moi en héritions. Nous avons grandi dans cet univers artistique. Mon père était un spécialiste des peintures de fleurs hollandaises et était très renommé dans ce domaine. Il a écrit plusieurs livres à ce sujet. Il nous répétait souvent : « Il faut vraiment trouver votre spécialité. » J’ai fait un stage pendant 4 ans en France dans un prestigieux cabinet de peinture ancienne. Durant mon séjour à Paris, j’ai commencé à pratiquer l’alpinisme et j’ai été profondément ému en contemplant les paysages. De retour à Londres, j’ai cherché des tableaux de montagne du XIXe siècle. Un jour, nous avons découvert deux peintures de Gabriel Loppé. Une qui représente la Mer de Glace au coucher du soleil, et l’autre le glacier des Bossons. J’ai ensuite feuilleté une sélection de tableaux du Club alpin, qui possédait une véritable mine d’or de tableaux de montagne, mal conservés. Nous avons conclu un accord : le club me prêterait une partie de leur collection que nous nous chargerions de restaurer. J’ai ainsi créé une exposition que j’ai intitulée « Peaks & Glaciers », avec quarante tableaux qui ont suscité un grand intérêt, notamment chez les Britanniques. Cela remonte à 2001. Depuis, je monte chaque hiver une exposition dédiée à la peinture de montagne.
Vous pratiquez régulièrement de l’alpinisme, alors qu’aucun membre de votre famille n’avait de lien avec ce milieu. Comment s’est éveillée en vous cette passion pour la montagne ?
Enfant, je souffrais d’asthme, ce qui limitait mes activités sportives. J’adorais skier, et nous partions skier chaque Noël. Tout le monde disait : « William n’est plus le même. Maintenant, il est montagnard ! » J’adorais observer les couchers de soleil à la montagne. À l’âge de 25 ans, j’ai contacté un guide à Zermatt pour faire la traversée intégrale du Breithorn. Au bout de seulement 20 minutes sur le glacier, j’étais conquis par ce milieu. Aujourd’hui, j’ai réalisé 45 ascensions dans les Alpes. Mais ce que j’aime surtout, c’est l’histoire de l’alpinisme, car la plupart des itinéraires de montagne ont été ouverts il y a plus de 100 ans, à une époque où les sommets étaient très peu fréquentés. J’ai un profond respect pour les alpinistes de cette époque.
En quoi est-ce important pour vous de présenter aux Anglais des œuvres de montagne ?
De nombreuses destinations de montagne sont déjà très fréquentées par les Anglais, comme Val d’Isère, Méribel, les Hautes-Alpes, Chamonix, etc. Mon objectif est de montrer aux Britanniques qu’il existe d’autres montagnes magnifiques, mais moins connues. Je recherche des tableaux représentant les Alpes dans son entièreté : l’Engadine, l’Oberland bernois… Je m’ennuierais à présenter seulement des œuvres du Cervin, par exemple. Ce qui me passionne le plus, c’est lorsque les clients viennent me demander un tableau d’une région spécifique. Lorsque les personnes entrent dans la galerie, ils découvrent une trentaine de paysages de montagne. Ce milieu évoque aussi diverses interprétations personnelles. Nous recevons des visiteurs de tous les horizons : skieurs, poètes, écrivains, chanteurs… Chacun a son sommet favori et son interprétation personnelle des montagnes. Par exemple, certains se remémorent la fin d’une journée de ski. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils n’éprouvent jamais le sentiment de danger pourtant omniprésent en montagne.
La galerie John Mitchell Fine Paintings : fruit de collaborations artistiques révélant le patrimoine alpin
Vous travaillez régulièrement avec James Hart Dyke. Quel est votre lien avec cet artiste peintre ?
Ce qui rend James Hart Dyke intéressant, c’est qu’il a son propre parcours. Il est en train de devenir un peintre reconnu. Personnellement, je l’accompagne lors de ses expéditions et je le vois créer sur place, ce qui est très enrichissant. James Hart Dyke est aussi en train de développer un portfolio basé sur ses peintures réalisées en pleine nature. Il est assez unique, car physiquement robuste, il est capable de gravir des sommets de plus de 4000 mètres. Ce n’est pas à la portée de tout le monde.
Vous avez consacré un livre à Gabriel Loppé. Pourriez-vous nous en dire davantage à propos de cet ouvrage ?
J’ai rencontré dans les années 1990 une dame qui était anciennement conférencière des monuments historiques dans le savoir. Elle était toujours très intéressée par Gabriel Loppé. Après un incendie au musée alpin de Chamonix en 1999, où plusieurs de ses œuvres ont été détruites, cette dame a décidé de lui consacrer un livre. Elle a fait d’intenses recherches et était très déterminée. Elle a contacté ma galerie dans le cadre de ses recherches. Elle a donc écrit ce livre sur Gabriel Loppé, puis elle est décédée. Elle m’a laissé toutes ses archives. J’ai repris son travail, et j’ai décidé de publier un livre en anglais, car Gabriel Loppé était très connu en Angleterre et aux États-Unis. Sa carrière était bâtie en Angleterre et non pas en France comme beaucoup de personnes le pensent. Mon livre est ainsi une étude approfondie de sa vie et de ses œuvres.
Pour conclure, pourriez-vous nous partager d’autres artistes spécialisés dans la montagne que vous admirez, en plus de ceux déjà cités ?
Je m’intéresse aux artistes qui étaient l’équivalent de Gabriel Loppé, mais dès le XXe siècle. Je pense notamment à Angelo Abrate. Il est plus alpiniste que peintre et reste encore peu connu. Il peint avec le même esprit que Loppé. J’apprécie aussi Wilhelm Burger, un artiste qui a réalisé de magnifiques tableaux de montagne, souvent oubliés. Ce sont ces artistes, quelque peu éclipsés par l’impressionnisme et le contemporain, que j’admire. Les photographies me fascinent également. J’aime principalement les photographies qui ne montrent que la montagne, sans activité humaine.
William Mitchell poursuit sa mission au cœur de Londres, animé par le désir de faire découvrir aux Britanniques le royaume de glace qui l’enchante tant. Déterminé à présenter dans sa galerie les plus belles œuvres de montagne, il consacre sa vie à l’art et à la splendeur des Alpes. En visitant la galerie John Mitchell Fine Paintings, vous y découvrirez aussi mes photographies. Unis par cette même passion pour les hauteurs, la montagne nous lie, à mon immense satisfaction.