La Haute Route de Zinal se trace, majestueuse, au cœur de la Couronne impériale. Course de montagne très réputée, elle serpente entre les plus beaux 4000 des Alpes suisses. Aussi élégante que redoutable, la traversée exige la présence d’un guide de haute montagne. Mais, quels en sont donc les itinéraires principaux ? Je vous présente la classique et les variantes de cette route aux allures royales.
La Haute Route impériale de Zinal : joyau des Alpes suisses
Au cœur du Val d’Anniviers, s’étend une voie majestueuse. La Haute Route impériale de Zinal, une des plus belles courses de ski de randonnée des Alpes. L’odyssée débute depuis le village de St-Luc, à 1655 mètres d’altitude. Raid à ski d’une semaine avec 7000 mètres de dénivelé, la Haute Route s’insinue dans la célèbre Couronne impériale. Loin de la foule et des tumultes du monde moderne, elle offre un défi de taille à tout alpiniste qui s’aventure dans ces terres désertes.
Cet itinéraire légendaire doit sa renommée à son aura royale. Du nord au sud, des géants surgissent des entrailles de la terre. Dominant les cieux alpins à plus de 4000 mètres d’altitude, les montagnes se succèdent. Vêtues de leur manteau de neige, elles s’élèvent vers l’éther, éternelles et mystérieuses. Unis dans leur grandeur, ces sommets impressionnent et émerveillent l’homme qui ose défier ces lieux. Chefs-d’œuvre intemporels de la nature, cinq sommets exceptionnels ornent la Haute Route impériale : la Dent Blanche, l’Obergabelhorn, le Zinalrothorn, le Weisshorn et le Bishorn. Autant de diamants colossaux qui composent un hymne à la grandeur des Alpes.
La route de Zinal conduit l’alpiniste à la découverte des plus beaux coins et villages de Suisse. Parmi eux, Zermatt, accessible par l’une des variantes. Zermatt brille sous la lumière des projecteurs grâce à son point de départ pour la célèbre ascension du Cervin. Comment résister au charme envoûtant de cet endroit perché à 1620 mètres d’altitude ? Le Cervin, dominant cette vallée, demeure en moi une source d’inspiration inépuisable. Cette montagne me fascine autant qu’elle m’ensorcèle…
Itinéraire classique de la Haute Route impériale : jour 1 à 3
L’itinéraire classique de la Haute Route impériale de Zinal requiert un engagement de six journées en moyenne. St-Luc, Bishorn, Blanc de Moming… Tans de lieux sublimes que le raid à ski nous invite à découvrir.
Jour 1 : Traversée de St. Luc à Turtmannhütte. Dénivelé positif de 850 mètres. Le périple commence à St-Luc. Village enchanteur du Val d’Anniviers, il est le fidèle gardien des sommets des Alpes valaisannes. Après une montée jusqu’au sommet de la Bella-Tola en funiculaire et en téléski, la première descente du raid à ski s’offre à nous. Pas de Boeuf, Borterprass 2838, vallon de Meidhorn, Gruben… Les pentes s’étendent sur 1230 mètres de dénivelé. La journée s’achève avec une dernière montée en direction du Turtmannhütte. Cette cabane, petit joyau isolé du reste du monde, accueille les skieurs dès le mois de mars. Un havre de paix propice à la déconnexion et à la contemplation des pyramides de roche et de glace.
Jour 2 : Cabane de Turtmannhütte – Cabane de Tracuit. Dénivelé positif de 750 mètres. Entre progression en ski de randonnée, en rocher et sur glacier, la journée défile au rythme de la montagne. Le Brunegggletscher et le Turtmanngletscher se franchissent parfois en mixte selon les conditions. Ne sous-estimez pas la haute montagne, car les glaciers demeurent capricieux. Les crevasses, gouffres voraces, peuvent engloutir tout homme imprudent qui ose s’aventurer trop près de leurs bords. C’est pourquoi l’itinéraire nécessite parfois quelques ajustements.
Jour 3 : Cabane de Tracuit – Cabane d’Arpitettaz. Le Bishorn, du haut de ses 4151 mètres, domine la cabane de Tracuit. Ce sommet est réputé être l’un des monts alpins de 4000 mètres d’altitude les plus aisés à gravir. Si l’envie vous vient de monter à son sommet, je vous invite à découvrir le topo de CamptoCamp qui vous guidera sur l’itinéraire. Mais si la fatigue se fait sentir, poursuivez votre chemin par le col de Milon, puis par le versant sud du thalweg. Enfin, le refuge d’Arpitettaz se dresse, discret, face au gigantesque Weisshorn.
La classique de la Haute Route impériale de Zinal : jour 4 à 6
Jour 4 : Cabane d’Arpitettaz – Cabane du Mountet. Dénivelé positif de 1250 mètres. Journée d’ascension du Blanc de Moming, culminant à 3657 mètres d’altitude. Là-haut, le panorama sur les Alpes valaisannes se dévoile, majestueux et céleste. Voguant à travers les sommets, notre regard se nourrit des splendeurs de ce paradis de glace. Ces moments suspendus dans le temps m’inspirent et me font vibrer. Jamais je ne me lasse d’admirer ces cimes, de les immortaliser en photographie.
Jour 5 : Cabane du Mountet – Schönbielhütte. Nous franchissons le col Durand, étape principale de la journée, pour rejoindre la cabane de Schönbiel par le Hohwänggletscher. Depuis le col, les plus audacieux poursuivent l’ascension du mont Durand. De là, la vue sur le Cervin est saisissante. Ce sommet, telle une forteresse, semble régner sur le monde. Et au cœur de ce joyau valaisan, l’homme s’élève dans un royaume entre ciel et terre. À cette étape, certaines cordées décident de rejoindre directement Zermatt. D’autres poursuivent leur périple en dormant une dernière nuit en refuge, savourant ainsi les derniers instants de cette aventure mémorable.
Jour 6 : Cabane de Schönbiel – Ferpècle. Cette dernière étape, parfois omise, mène jusqu’à Ferpècle, par la Tête Blanche. Une ultime journée qui nous transporte à travers les panoramas les plus époustouflants d’Évolène.
La Haute Route impériale de Zinal touche à sa fin. Les derniers pas, marqués par l’effort résonnent dans chaque cellule du skieur. Alors que les derniers rayons de soleil se cachent derrière les sommets de la Couronne impériale, l’esprit de liberté brille pour l’éternité dans le cœur l’alpiniste.
Variantes de la Haute Route de Zinal
La Haute Route impériale de Zinal offre une multitude d’itinéraires grâce à ses nombreuses variantes. Parmi les plus célèbres, la Tour du Ciel. Une course commençant au sud et remontant par le nord. Reliant Zermatt à Sankt-Niklaus, elle dévoile un panorama grandiose sur la Couronne impériale. Dent Blanche, Obergabelhorn, Zinalrothorn, Weishorn, Bisshorn… Tans de pyramides qui éblouissent les regards.
En empruntant l’itinéraire classique, certains décident d’ajouter une étape après la nuit à la cabane du Grand Mountet. Il s’agit de l’ascension du Trifthorn. Avec un dénivelé positif de 900 mètres, la course est d’une beauté sans pareille. Dotée de pentes atteignant parfois 45°, la conquête du Trifthorn semble un défi supplémentaire pour les alpinistes. En remontant le glacier de Mountet, le Zinalrothorn se dresse devant nous, revêtu de son manteau neigeux. Sa face nord, dominant les cieux alpins, prend une allure himalayenne. Je me remémore alors ces instants hors du temps, où ces deux sommets se sont révélés à moi sous des contrastes exceptionnels. Un moment figé que, en tant que photographe, je cherche incessamment.
Enfin, les dernières variantes les plus fréquentées offrent la possibilité de terminer la course à Zermatt ou à Arolla. Ce dernier village, situé aux confins du Val d’Hérens, charme par sa quiétude et sa nature préservée. Entouré par le mont Collon, le Pigne d’Arolla et l’aiguille de la Tsa, il séduit par les glaciers qui surplombent le village. Mais combien de temps nous reste-t-il pour contempler la beauté de cette glace ? À travers mes photographies, le changement climatique en montagne se révèle. Les glaciers reculent et laissent derrière eux des cicatrices profondes. Et mes œuvres deviennent la mémoire de cette glace millénaire qui disparait inexorablement.
La Haute Route impériale de Zinal demeure à jamais gravée dans le cœur des alpinistes. Entourée par les plus beaux 4000 des Alpes suisses, elle invite tout aventurier à fouler son chemin. Par-delà l’exploit sportif, elle élève le skieur dans un monde majestueux. Comme un appel à la méditation, ce raid à ski rapproche l’homme de son être le plus profond. Route royale de la Couronne impériale.