Petit village de montagne vivant au rythme d’une nature foisonnante et rigoureuse, Zermatt s’épanouit sous l’égide du Cervin et des plus beaux sommets des Alpes. Comme un joyau boisé dans un écrin de roche. Jusqu’au jour où les hommes décident de conquérir une à une les cimes alentour, menant l’alpinisme à son âge d’or au cœur du Valais. Le village se métamorphose alors pour devenir en quelques décennies la capitale des Alpes suisses. Retour sur l’histoire fabuleuse de Zermatt, qui par la singularité de son destin jouit désormais d’une renommée mondiale.
Le village de Zermatt | Oasis agro-pastorale au cœur des Alpes suisses
Notre histoire commence il y a plus de 6000 ans. Alors que les glaciers reculent dans le Haut-Valais suisse, les hommes apprivoisent peu à peu les montagnes. Sur les flancs des géants du mont Rose et de la Couronne impériale, pâturages et cultures se développent. Jusqu’à ce jour de 1280 où le Cervin voit jaillir à ses pieds un hameau de légende. Sur les rives de la Matter Vispa et au creux d’une vallée verdoyante, la paroisse de Pratobornum naît des alpages à 1616 mètres d’altitude. D’origine latine, son nom évolue au fil des siècles sous l’influence de la culture allemande. Et c’est au XIXe siècle que Zermatt s’impose comme son appellation unique.
Le village grandit à la confluence des routes commerciales qui relient la Suisse à l’Italie par le col de Saint-Théodule. Malgré le petit âge glaciaire que vit alors l’Europe, l’axe transalpin menant de la vallée de Zermatt à la Vallée d’Aoste jouit d’une forte fréquentation. Le village s’adapte à la renaissance progressive de ses glaciers et lorsque le Gornergletscher s’empare de ses maisons, il les reconstruit plus bas.
Tout au long du Moyen-Âge et jusqu’à l’avènement de l’alpinisme, Zermatt demeure une oasis pastorale parsemée de granges. Certaines abritent le bétail tandis que d’autres servent à stocker le grain. Certaines bâtisses sont utilisées pour faire sécher la viande à l’air libre. D’autres cabanes enfin tiennent lieu de résidence à la population. Nombre de leurs vestiges ont été mis au jour le long du sentier qui mène de Zermatt à Zmutt. Et s’il vous vient un jour l’envie de les découvrir, je vous invite à suivre le Kulturwege. Depuis 2019, il vous offre l’occasion de remonter le temps à la rencontre des premiers habitants de ce village mythique. On y aperçoit même un piège à lynx en pierre vieux de 250 ans. Le cœur de Zermatt témoigne lui aussi d’une tradition architecturale ancienne. Près de 30 bâtisses d’autrefois s’y dressent encore, héritage précieux de la culture alpine.
Au cours des siècles, Zermatt s’acclimate aux évolutions du monde qui entoure ses pâtures. Longtemps soumis à la souveraineté de l’évêque de Sion, le village retrouve sa liberté en 1618. Il est alors divisé en trois communes qui fusionnent enfin le 14 juin 1791. Parenthèse sanglante, Zermatt et le canton du Valais sont annexés quelques années plus tard par la France avant de pouvoir rejoindre la Confédération suisse en 1815, après la chute de Napoléon Ier. Un nouveau chapitre s’ouvre alors pour ce village de montagne né au cœur des Alpes sous une bonne étoile.
Zermatt | Naissance de la plus célèbre station des Alpes valaisannes
Le destin de Zermatt bascule au cours du XIXe siècle quand ce village de mélèze perdu au creux d’une vallée attire soudain l’attention des visiteurs du monde entier. Scientifiques et amateurs vouent un intérêt nouveau à la haute montagne. Portés par la ferveur des citoyens britanniques, les alpinistes affluent à Zermatt pour réaliser l’ascension des plus hauts sommets des Alpes. Afin de répondre à la demande grandissante des touristes, une première auberge est construite dans le village en 1839. Mais, c’est Alexander Seiler qui prend conscience le premier du potentiel du Cervin. Convaincu que ce mont fabuleux fera de Zermatt un site incontournable, il rachète l’auberge et dote le village de son premier hôtel, l’hôtel Monte-Rosa, inauguré en 1855. Si d’aventure vous poussez aujourd’hui la porte de l’établissement, vous découvrirez que l’Edward’s bar possède encore les poutres de l’auberge d’origine.
Quelques années plus tard, le 14 juillet 1865, Edward Whymper réalise l’exploit de rejoindre le premier le sommet du Cervin, à 4478 mètres d’altitude. Le drame qui s’ensuit place la montagne sous les projecteurs et fait entrer Zermatt dans une nouvelle ère. Celle des records et de l’aventure. Celle de l’expansion et du développement touristique.
Face à l’afflux grandissant des touristes dans le Valais, la commune se métamorphose. Acteur essentiel de son rayonnement, Alexander Seiler s’engage à relier Zermatt à Viège par voie ferroviaire. Alors que le village n’était accessible que par un chemin muletier, il l’ouvre sur le monde extérieur, faisant de Zermatt une destination touristique privilégiée. La ligne de chemin de fer est inaugurée en 1891, quelques jours seulement après la disparition de son initiateur. Le succès est immédiat. Dès l’été 1891, plus de 30 000 voyageurs rejoignent Zermatt en train. Et ce nombre ne cessera de croître. De nos jours, plus de trois millions de passagers empruntent la ligne Viège-Zermatt chaque année.
Zermatt voit aussi ses hôtels se multiplier. La présence forte des touristes anglais favorise l’ouverture de nombreux salons de thé, précurseurs des restaurants gastronomiques que compte la commune. On y vendait alors des souvenirs, des rafraîchissements et des bouquets de fleurs alpines pendant la haute saison d’été. À une époque où la religion occupait une place centrale, le besoin s’est également fait sentir d’édifier un lieu de culte. Dès 1865, les dons affluent pour donner vie à ce projet. Les hôteliers Alexander Seiler et Joseph Clemenz répondent présents, de même que les proches de Douglas Hadow, tout juste décédé lors de l’expédition tragique d’Edward Whymper à la cime du Cervin. En 1869, la première pierre de l’église anglicane St. Peter’s est posée et, à peine un an plus tard, le 29 juin 1870, on y célèbre la première messe.
Le sort de Zermatt se joue désormais bien au-delà des Alpes suisses. L’effervescence hivernale prend de l’ampleur, supplantant son activité estivale au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Reine de la saison douce, la commune devient au fil des années l’une des plus célèbres stations de ski des Alpes.
La station de Zermatt | Capitale des Alpes suisses
Aujourd’hui, plus de 150 ans après cet âge d’or de l’alpinisme, Zermatt exulte, flamboyante et téméraire. Désormais dotée de plus d’une centaine d’hôtels et de nombreux chalets, la ville accueille chaque année des milliers de visiteurs. Capitale des Alpes suisses, elle est devenue l’une des stations de ski les plus célèbres au monde. Domaine skiable le plus élevé d’Europe, d’une étendue exceptionnelle, Zermatt doit sa réputation aux montagnes qui l’entourent. Toutes légendaires, toutes prodigieuses. La région de Zermatt compte 38 des 54 sommets suisses de plus de 4000 mètres d’altitude. Parmi eux, l’illustre Cervin, emblème du village, mais aussi les souverains de la Couronne impériale de Zinal, les colosses du mont Rose et les géants des Mischabel. Qui n’a pas rêvé un jour de contempler ces titans de roche aux neiges éternelles ? Qui n’a pas un jour désiré fouler les glaces du Gornergletscher, du Zmuttgletscher ou du Findelgletscher ? Qui enfin n’a jamais nourri l’espoir de gravir le Cervin, le Lyskamm, la Pointe Dufour ou le Weisshorn, porté par l’envie profonde de rejoindre leur sommet ?
Le cœur de Zermatt ne cesse jamais de battre et, tout au long de l’année, la ville propose à ses admirateurs une multitude d’activités. Pour assouvir leur soif d’aventure, leur curiosité et leur passion pour la montagne. Les férus d’histoire iront visiter le musée du Cervin Zermatlantis, heureux de plonger au cœur de la vie d’antan et de redécouvrir les étapes terrifiantes et incroyables de la première ascension du Cervin. Les amateurs de randonnée pourront parcourir la montagne en tous sens. Certains choisiront de suivre le sentier de l’Europaweg, qui les conduira sur la passerelle suspendue Charles Kuonen, l’une des plus longues au monde. Quand d’autres préféreront explorer le sentier des 5 lacs à la découverte des plus beaux paysages alpins. Les lacs Stellisee, Grindjesee, Grüensee, Mossjesee et Leisee défileront sous leurs yeux comme autant de reflets de l’âme du Valais. Les gorges du Gorner figurent également parmi les merveilles de Zermatt. Les eaux de la Gornera continuent de sculpter les roches aux teintes vertes de serpentinite pour offrir aux randonneurs une échappée magique au cœur de la nature.
Zermatt réserve aussi de belles surprises aux amoureux du sport. Point de départ du Matterhorn Ultracks, célèbre compétition de trail et de skyrunning, le village accueille chaque été le marathon de Zermatt. Mais, la station doit avant tout sa renommée à l’ampleur exceptionnelle de son domaine skiable, qui offre en hiver 350 km de pistes pour une expérience unique en haute montagne. Les amateurs de sensations fortes s’envoleront vers la station la plus haute d’Europe en empruntant le Matterhorn glacier ride, téléphérique à trois câbles le plus élevé du monde. À bord de ses cabines Crystal ride, ils verront tout à coup sous leurs pieds le sol en verre s’éclaircir pour leur offrir une vue imprenable sur le paysage glaciaire en contrebas. Du haut de la station Matterhorn Glacier Paradise, accessible tout au long de l’année, ils profiteront d’une vue panoramique spectaculaire sur les Alpes.
Point d’orgue ou ambition ultime d’un voyage à Zermatt, le mont Cervin, roi des Alpes suisses et seigneur du Valais, anime enfin le cœur et fait vibrer l’esprit de chaque visiteur. De son allure magistrale, cette pyramide indomptable lance le défi aux alpinistes chevronnés de parvenir à son sommet. Baignée des lueurs d’un soleil changeant, elle envoûte quiconque ose la contempler et conquiert ses rêves pour l’éternité. Et pour l’admirer sous son plus beau jour, il vous faudra monter à bord du Gornergrat Bahn, le train à crémaillère le plus haut d’Europe, jusqu’au sommet du Gornergrat, à 3089 mètres d’altitude. De là-haut, toute la beauté des Alpes s’offrira à vous. Le panorama y est tout simplement grandiose et la vue sur le Cervin sans aucun doute inoubliable.
Né de quelques cabanes blotties au creux de la montagne, le village de Zermatt s’est nourri de l’éclat du Cervin et des hauts sommets du Valais pour devenir une station emblématique des Alpes suisses. Point de départ des plus belles aventures, voie d’accès aux sommets les plus majestueux, Zermatt brille de mille feux, portant au regard du monde l’héritage précieux de la haute montagne et ses richesses cristallines.