Sur le toit de l’Europe se dresse une montagne gigantesque et somptueuse. Le mont Blanc, souverain d’un royaume de glace, s’élève à 4810 mètres d’altitude pour proclamer au monde la grandeur des Alpes. Au cœur d’une tempête furieuse, le voyage est périlleux. Il ne nous reste que quelques mètres à parcourir pour atteindre la cime de ce géant mythique. L’arête des Bosses en proie à la folie des éléments paraît interminable. Sur notre gauche, la face nord du mont Blanc, illuminée par le soleil, subit, elle aussi, les assauts ravageurs des vents de l’hiver. Malgré les obstacles, nous poursuivons notre quête jusqu’à l’orée du ciel. À si haute altitude, l’hiver persiste. Il lui suffit de peu pour reprendre ses droits. La nature se déchaîne alors, puissante et invincible.

Notre odyssée céleste ne se vit qu’à travers cette œuvre unique. Car en pareilles circonstances, la montagne demeure inaccessible à l’homme. Créature dangereuse, splendeur funeste. Seule la nature décide de nous accueillir en haute montagne pour quelques instants de grâce, prodigieux et éphémères. Mais lorsqu’elle revêt ses habits les plus farouches, notre place est ailleurs. Loin de ses élans sublimes et de ses flammes indomptées.

J’ai rêvé cette œuvre comme l’emblème de la haute montagne, majestueuse et saisissante. Empreinte de détails bouleversants : la neige soufflée par les vents, la brume caressant ses flancs, la douceur des contrastes sublimant son infinie puissance. Notre regard plonge avec fascination au cœur du mont Blanc comme l’on s’aventure au fil de voies inexplorées. Aux frontières du ciel comme au plus profond de nous-même.