Fascinante Dent Blanche. Cette monstrueuse coquette, comme la surnommait Guy de Maupassant dans sa nouvelle intitulée L’auberge. C’est sous cet angle qu’il l’a contemplée. Sur cette photographie panoramique en noir et blanc, la montagne trône fièrement dans les Alpes valaisannes, gigantesque pyramide dominant les sommets alentour. À sa droite, la Dent d’Hérens s’élève dans l’ombre, fraîchement enneigée et ornée du magnifique glacier des Grandes Murailles. Au pied de la Dent Blanche, le Grand Cornier paraît si petit. Traversant l’arête qui nous mène au premier plan, nous foulons les crêtes enneigées des Bouquetins pour arriver au Pigne de la Lé. Superbe point de vue sur lequel j’ai souvent bivouaqué. D’une blancheur immaculée, le colossal glacier de Moiry s’écoule lentement dans le lac du même nom.

À travers cette œuvre, j’ai voulu témoigner de la grandeur et de la beauté de ces montagnes du Valais. Je l’ai réalisée au printemps, alors que la tempête venait de balayer les sommets. Ultime trace de la rage des vents, les nuages courent encore à basse altitude. Isolées de la terre, les cimes dévoilent toute leur prestance. Lorsque la brume se mêle à la glace, le monde d’en bas semble effacé. Dans ce royaume céleste, rien ne rappelle la présence de l’homme. Et s’il lui venait à l’idée de se hisser au sein de cette nature sauvage, il ne serait qu’un point perdu dans l’infini tant ces reliefs sont immenses.

J’aime cette photographie pour la magie qui s’en dégage. Pour la délicatesse des ombres portées qui caressent le glacier de Moiry. Pour la douceur des rayons du soleil qui effleurent la Dent Blanche et son ami le Grand Cornier. Pour ses teintes argentées qui nourrissent notre voyage en haute montagne et nous apportent la sérénité. Cette œuvre offre la chance exceptionnelle de pouvoir contempler chaque jour ces prestigieux sommets.