Sur les hauteurs de Saas Fee, se trouve un refuge inégalé. La Mischabelhütte honore la grandeur des Alpes valaisannes et vous invite à vous évader vers des horizons alpins. Je dédie cet article à Maria Anthamatten qui a gardé la cabane pendant 14 ans. Durant ces années, son accueil chaleureux a insufflé vie et dynamisme au sein de la cabane. Je lui souhaite tout le meilleur pour la suite de ses aventures.
Cabane de Mischabel : trésor de Saas Fee dans les Alpes suisses
À l’ombre des Alpes valaisannes et de leurs glaciers scintillants, la Mischabelhütte se dresse au milieu des plus hautes cimes de Suisse. À 3340 mètres d’altitude, la cabane accueille randonneurs et alpinistes en quête d’ascensions hors norme. Les aventuriers y trouvent réconfort et chaleur, partageant entre eux des histoires alpines qui nourrissent les cœurs. Les 4000 de Saas Fee entourent le refuge : Nadelhorn, Lenzspitze, Stecknadelhorn, Hohberghorn, et Dürrenhorn. Autant de sommets célèbres qui font la renommée de la Mischabelhütte.
Là-haut, la vue est sans conteste l’une des plus belles de la région. On admire le massif des Mischabels et les glaciers qui s’écoulent. Quand le soir tombe, les sommets se drapent de pourpre et d’or. Le soleil, en se couchant, leur donne un trésor. En hiver, la partie non gardée est ouverte pour les skieurs qui s’aventurent en haute montagne. Alors, la cabane prend une tout autre allure. Elle s’orne de neige pure pour s’uniformiser avec le paysage alpin. Joyau pur de la montagne, l’expérience au sein de ce refuge nous élève dans l’au-delà.
Depuis 1976, une deuxième cabane a vu le jour. Située sur la partie supérieure, elle comprend une cuisine, des couchages et des sanitaires. Il s’agit aujourd’hui de la maison principale. En contrebas, la cabane dispose de couchages supplémentaires utilisés principalement par les alpinistes en période hivernale. 130 lits sont répartis entre les deux abris. Déjeuners, dîners et petits déjeuners sont proposés aux visiteurs. La cuisine régionale est de mise. Les plats savoureux s’accompagnent d’un verre de vin qui laisse sur les lèvres l’arôme de la haute montagne.
La Mischabelhütte : histoire d’une cabane au cœur des Alpes valaisannes
Le 23 février 1899, l’Académie du Club Alpin de Zurich (AACZ) décide de construire une cabane de haute montagne. L’enthousiasme est tel que le capital nécessaire est rapidement dépassé. Mais alors vient le choix de l’emplacement exact. Comment imaginer un refuge parfait dans un lieu hautement stratégique pour les excursions alpines ? Serait-ce près de la Dent Blanche, du Täschhorn, ou encore du Rimpfischhorn ? Finalement, l’emplacement est choisi au pied de la Nadelgrat, et le projet est rebaptisé « Nadelgrathütte ».
Le comité de construction est dirigé par Amberg, Beauclair, Paulcke, Weber et John Graff. V. de Beauclair. La cabane devient leur œuvre. Ils prennent soin de chaque détail de la construction comme on chérirait un précieux bijou. En 1903, un refuge en bois à deux étages voit le jour non loin du Distelhorn. Ce petit joyau, posé entre le glacier du Hohbalm et le glacier du Fall, trône fièrement sur l’arête ENE de la pointe de Lenz. À cette occasion, une fête s’organise à Saas Fee en présence des guides locaux.
L’Académie du Club Alpin de Zurich voit en cet abri une grande destinée. Au fil des années, la Mischabelhütte prend l’allure d’un refuge où l’hospitalité règne. Bien qu’elle n’accueille qu’une trentaine de visiteurs en été, sa renommée s’envole. Les amoureux de la montagne s’empressent de la découvrir, et l’espace intérieur devient rapidement trop petit. La moderniser paraît alors inévitable. Malgré l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, la cabane des Mischabels n’attend que sa rénovation. Selon les plans de Hans-Uli Hohl, le refuge s’agrandit en 1944 et sa capacité d’hébergement double. Son éclat illumine les regards des alpinistes, avides d’expéditions. Une nouvelle salle de séjour, une cuisine séparée et un petit local pour le gardien sont ajoutés.
De 1944 à aujourd’hui, ce trésor alpin ne cesse de se moderniser pour répondre aux besoins croissants des visiteurs. En 1976, une seconde cabane voit le jour, située à 10 mètres de la première. Plus spacieuse, elle devient la maison principale en été. Hors saison, l’ancienne maison se transforme en refuge d’hiver non gardé. Toute l’année, l’âme de la Mischabelhütte vit au rythme des cimes et des glaciers majestueux.
La cabane de Mischabel : chemin d’accès
Fouler ce sentier escarpé requiert déjà une expérience en alpinisme. 1539 mètres de dénivelé sont nécessaires pour atteindre la cabane. Si vous souhaitez raccourcir la marche d’approche, empruntez le téléphérique qui mène à Hannig. Sinon, le sentier prend son départ au cœur de la forêt de Stafelwald, où l’on admire la richesse de la faune et de la flore. En direction du sud-ouest et en franchissant le torrent Trift, le chemin s’élève en zigzag.
La véritable ascension vers la cabane Mischabel commence à la hauteur de Schönegga. Les passages techniques s’enchaînent à mesure que le paysage de la haute montagne se dévoile. La marche d’approche continue le long d’une crête, puis suit une pente d’éboulis. Après avoir franchi l’Untere Distelhorn et l’Oberere Distelhorn, le chemin conduit à une arête rocheuse partiellement sécurisée à l’aide de chaînes et d’échelles. Enfin, la cabane de Mischabel se dévoile en parcourant une arête, ponctuée de plusieurs passages en métal et d’une échelle.
Refuge de Mischabel : les principales courses d’alpinisme au départ de la cabane
Je vous présente trois courses d’alpinisme au départ de la Mischabelhütte. Ces itinéraires nous font voyager au-delà du monde des hommes pour frôler le ciel.
La voie normale du Nadelhorn (4327 mètres) depuis la Mischabelhütte
La voie normale du Nadelhorn suit l’arête NE depuis la cabane. Savez-vous d’où vient le nom de cette montagne ? Il dérive probablement du mot « Nadelloch », qui désigne un trou mystérieux situé à 10 mètres au nord-ouest du sommet. Frôler les flancs du Nadelhorn relève d’une expérience extraordinaire. Tout au long de cette arête d’un kilomètre, le panorama sur les Alpes valaisannes est époustouflant. Je vous invite à consulter le topo CamptoCamp si vous désirez découvrir cet itinéraire de montagne.
Ascension de la Lenzspitze (4294 mètres)
Située à l’extrémité sud de la Nadelgrat, la Lenzspitze dévoile sa puissance à travers sa face nord-est, dont sa verticalité nous ensorcelle. Plusieurs variantes d’ascension s’offrent à vous : la face nord-est, l’arête nord-est, ou l’arête sud depuis le Domhütte. Cette ascension est sans nul doute l’une des plus longues et des plus exigeantes. Mais une fois au sommet, sa majesté impose une contemplation rêveuse.
Traversée de la Nadelgrat
Splendide arête à plus de 4000 mètres d’altitude, la traversée vous emmène par le Dirruhorn, l’Hohberghorn et le Stecknadelhorn. J’ai eu la chance d’effectuer cette course d’alpinisme avec Vivian Bruchez. Magnifique aventure. Avoir foulé ces cimes légendaires m’a marqué à jamais. Véritable accomplissement personnel, j’en suis sorti grandi, doté d’un regard différent sur la vie.
D’une simple cabane en bois, le refuge de Mischabel s’est métamorphosé en repaire où les rêves d’ascension s’accomplissent. Si vous y montez, vous aurez le plaisir de découvrir une de mes œuvres sur un des murs de la cabane.
Je suis honoré que mon travail contribue au patrimoine de ce lieu exceptionnel et perpétue l’héritage des montagnes de la région de Saas Fee.
