Sur les flots scintillants d’un rivage céleste, nous traversons les cimes du massif du mont Rose. Le regard attiré par l’éclat de la pointe Dufour qui sculpte l’horizon. À 4633 mètres d’altitude, la montagne prend racine en Suisse pour dominer les Alpes. À ses côtés, le Nordend et la Zumsteinspitz veillent en sentinelle sur leurs terres de glace. Quand sur la droite de la photographie, on distingue la cabane Margherita, refuge le plus élevé d’Europe.

Au sommet des Alpes suisses, l’immensité glaciaire du mont Rose nous saisit soudain. Comment la nature peut-elle avoir créé pareille créature ? Immuable ou changeante, féroce ou bienveillante, la montagne nous apaise autant qu’elle nous tourmente. Et mes œuvres témoignent de sa flamboyance. Héritage précieux de nos mémoires alpines.

Car du fond de la vallée de Zermatt, le mont Rose subit la chaleur excessive de l’été. À l’aube de l’automne 2022, les Alpes dépérissent, les sources se tarissent. La haute montagne souffre de l’aridité. Profondément assoiffés, ses glaciers s’ouvrent, se dévoilent. Sous sa carapace blanche et lisse, on découvre de nouvelles crevasses. Ces failles que le temps semblait avoir effacées alors qu’elles étaient juste enfouies. Aujourd’hui, ces stigmates resurgissent béants. Et je m’empare de leur beauté comme la montagne empoigne mes plus vives émotions. La poésie naît de ses déchirures et je nourris mon art de ses fulgurances. Inconsolable mais fier de mettre à l’honneur la haute montagne.

Sous les premières neiges, le mont Rose revient ici à la vie. Les Alpes goûtent à nouveau la quiétude d’un monde immaculé. À l’aube de l’hiver, je me plais à rêver que les sommets se régénèrent. Que la nature souffle, effleurée par le ciel.