Portrait de l’Aiguille de Rochefort, montagne fabuleuse du massif du mont Blanc qui se dresse à la frontière de deux mondes. De l’ombre à la lumière, cette tour givrée surgit de la terre pour rejoindre le ciel. Entre la France et l’Italie, elle rehausse le voyage qui nous mène du refuge Torino et de la pointe Helbronner au sommet des grandes Jorasses. Saisie ici des hauteurs de Courmayeur, elle n’en est que plus belle et plus mystérieuse.

Les Alpes ont affronté les assauts des vents d’hiver toute la nuit durant. Harassée par tant d’acharnement, la montagne résiste envers et contre tout. Le souffle suspendu et sa roche blanchie, elle implore en silence le retour de l’aube. Quand au petit matin, les ombres frémissent, les lueurs frissonnent. Dans un ultime élan, l’Aiguille de Rochefort déchire alors la brume pour exposer sa cime à l’aurore naissante. Un nouveau jour se lève comme une renaissance. Troublant reflet d’un univers où l’infinie puissance paraît si fragile, où soudain l’éphémère côtoie l’éternité. L’Aiguille de Rochefort illumine le ciel avant de disparaître sous un flot de nuages.

Cette photographie en noir et blanc immortalise l’âme de l’Aiguille de Rochefort. L’évanescence de sa grâce, sa force bouleversante. Et lorsqu’on la contemple ainsi, on ne peut que rêver de la gravir un jour. J’aime la haute montagne quand elle est immaculée, insondable et divine. J’aime les hauts sommets quand ils se réinventent, tourmentés par les vents au détour d’une nuit. J’aime les Alpes et je retourne à elles sans jamais m’en lasser jusqu’à ce qu’elles me révèlent leurs plus précieux secrets.