J’ai réalisé cette photographie panoramique dans l’Oberland bernois, en Suisse. Le royaume céleste de la haute montagne se dévoile ici au lever du jour, lorsque les premiers rayons du soleil d’hiver caressent les rochers.

La vue est exceptionnelle sur les sommets de plus de 4000 mètres d’altitude que comptent les Alpes bernoises. On y voit au premier plan le Wetterhorn, l’un des monts les plus célèbres de la vallée de Grindelwald. Puis l’Eiger et sa fameuse arête Mittellegi qui déchire la brume pour jaillir dans la lumière. Sur la gauche, le Finsteraarhorn, sommet le plus haut de l’Oberland bernois, semble dominer le monde tel une pyramide reliant terre et ciel. Le Mönch, le Schreckhorn et le Lauteraarhorn font font également partie du tableau.

La recherche d’équilibre est essentielle sur cette image. L’imposant Wetterhorn laisse place au second plan à l’Eiger puis au majestueux Finsteraarhorn. La vue de ces géants de pierre enveloppés de leur duvet de nuages procure un sentiment de sérénité et d’éternité.

Ce cliché est émotionnellement très fort pour moi. C’est pour avoir la chance de capter ce type d’atmosphère, extraordinaire et hors du temps, que je suis devenu photographe de montagne. J’aime la vue presque irréelle de ces hauts sommets bardés de glaciers et de cimes acérées émergeant d’un flot de nuages comme seul un artiste fou pourrait l’imaginer. Ce paysage époustouflant me fait penser aux contrées grandioses filmées par Peter Jackson dans Le Seigneur des Anneaux. Ajoutons la musique et l’épopée prend vie. Qu’un instant pareil puisse être réellement vécu sur notre planète est incroyable. La beauté qui existe en ce monde est infinie. Il suffit pour l’observer d’être présent au bon endroit au bon moment. C’est ce que je m’emploie à faire. J’étudie la météo sans relâche pour dénicher ce moment parfait où la magie se fond avec la nature. Il ne dure que quelques précieuses secondes car tout change en permanence. Les nuages vont et viennent comme les vagues des océans. Être là au bon moment me permet de témoigner de cet instant fugace et si spectaculaire. Témoigner de cette splendeur avant qu’elle ne disparaisse tout à fait, anéantie par les conséquences désastreuses du dérèglement climatique.