Portrait magistral du Cervin. L’unique, le grandiose, l’impérissable. Lui qui m’inspire depuis tant d’années. Lui qui nourrit mon art, agite mes pensées. Chaque jour je rêve de le photographier sous un angle nouveau, une autre lumière. Jamais je ne me lasse de le contempler. Sur cette œuvre en noir et blanc, le Cervin nous dévoile toute sa prestance. Son arête orientale sur la gauche de la photographie, sa paroi nord sur la droite. L’équilibre parfait de toutes ses faces. Et au centre de l’œuvre, la montagne exhibe l’arête du Hörnli. Saurez-vous distinguer sur cette voie royale le refuge de Solvay ? Empreinte insignifiante perdue au cœur de l’immensité.

J’ai attendu ce moment pendant de longues années. Des années où les vents échappaient au sommet. Des années où la neige se dissipait trop vite. Des années à espérer que la technologie se hisse à la hauteur de mes ambitions. Jusqu’à ce qu’un beau jour mon rêve se réalise. Au printemps 2024, je me suis envolé dans le ciel de Zermatt. Muni de mon appareil photo très haute définition, j’étais enfin prêt à saisir ma chance. Il faisait encore nuit dans le ciel du Valais. Quand soudain je l’ai vu surgir devant moi. Diamant de roche serti de glace, flamme souveraine dominant les Alpes. Aucune autre montagne n’ose ici lui faire face. Aucun autre sommet ne se confronte à lui. Le Cervin règne sur les Alpes comme il m’ensorcelle. Je l’immortalise alors sous les lueurs du crépuscule. Et ce contraste rare sublime son portrait. La profondeur naît d’une douceur extrême, offrant à mon regard l’histoire du Cervin. Le moindre de ses traits, ses ombres dévoilées. Ce voyage, jamais je ne l’oublierai.