Portrait en noir et blanc de la montagne légendaire. Au cœur des Alpes valaisannes, un sommet se distingue parmi les autres. Le Cervin, avec son lenticulaire, impose sa grandeur dans le royaume d’en haut. Pyramide parfaite aux allures royales, il chante son ode à la beauté céleste. Alors que les derniers souffles de la tempête s'apaisent, le Cervin se recouvre de neige fraîche. Géant dominant la vallée de Zermatt, il abrite en lui les splendeurs de la nature.

Nous sommes en août 2017. Le Matterhorn est fraîchement enneigé. Alors que je m’installe sous ma tente au Rothorn, prêt à immortaliser cette montagne, j'espérais que l'aube déchirerait un voile des nuages pour révéler le Cervin sous sa plus belle prestance. Mais au lever du jour, pas un seul nuage n’était perceptible. Le ciel se teintait d’un bleu parfait, trop parfait pour capturer la photographie que je désirais. Mais je persévère. Je choisis d’attendre qu’un miracle se présente devant moi. Au fil de la matinée, de petits nuages enveloppent progressivement le sommet. Le paysage se transforme. Tout à coup, le Matterhorn se dévoile, encore plus impressionnant que je ne l’avais espéré. Un gigantesque lenticulaire couronne la montagne, tandis qu’une mer de nuages naît à ses pieds. On pourrait presque voir la brume danser, scintiller, jouer autour du Cervin ! Le sommet semble appartenir à un autre monde, à un univers céleste inaccessible à l’homme. Juste avant que le sommet ne soit totalement englouti par les nuages, je capture cette scène incroyable.

J’ai longtemps rêvé de cette œuvre du Cervin, à la fois intemporelle et éclatante. Elle m'apparaissait comme une évidence, une photographie que je souhaitais unique, reflet de la majesté des Alpes. À travers cette montagne, je retrouve mes aspirations : celle de raconter l'histoire des montagnes, de conserver leur héritage, de leur rendre hommage. Dans ce paysage, je perçois l'essence même de la vie, un désir profond d'absolu. L’âme de la nature, puissante et inaccessible, se dévoile.