J'ai pris cette photographie au cœur du val d'Anniviers, portant l'objectif en direction des sommets mythiques de la couronne impériale de Zinal. Le cliché immortalise les plus belles montagnes du Valais, joyaux minéraux de la Suisse.

Devant nous, un paysage d'automne se révèle, voilé d'une légère dentelle immaculée : l'or blanc est tombé sur les cimes après un été sec et chaud et a finalement plâtré les faces. Les glaciers restent cependant très ouverts ; celui de Mening, malgré ses plaies estivales, brille toujours et illumine de ses reflets les contreforts du Besso dont l'arête s'élance vers les cieux, entre ombre et lumière. L'éclairage automnale réchauffe ces montagnes endormies, et, dans quelques jours, les faces Nord resteront de long mois dans les ténèbres ; c'est ce qu'annonce l'Ober Gabelhorn (4063m) qui apparaît ici timidement, à moitié illuminée.

Ce tirage grand format permet d'observer d'infimes détails, comme l'itinéraire menant au refuge du Mountet (à droite du cliché) ou les traces des moraines grises évoquant les anciens glaciers des siècles passés...

Le paysage est grandiose et caractérise ma quête de ce monde d'en-haut. Les grands classiques de l'alpinisme valaisan surgissent et s'alignent parfaitement : le Zinalrothorn (4221m), encore fumant, mène au Trifthorn (3729m) par la Pointe du Mountet (3839m) ; puis, la Wellenkuppe (3900m) nous fait accéder à l'imposant Ober Gabelhorn ; de-là, les arêtes guident au Mont Durant (3610m), jusqu'à la Pointe de Zinal (3790m). Au dernier plan, le Cervin (4478m) trône en véritable roi, accompagné de sa cour : les sommets du Breithorn (4163m).

La beauté de cette couronne impériale m'inspire depuis le premier jour. Sur cette photographie unique, l'effet de la neige sur les rocs donne un effet encre de chine onirique profond. Une œuvre à contempler des heures jusqu'à se perdre délicieusement dans ces diamants alpins éternels.