Il existe là-haut un royaume éternel. Un monde sans limites et d’une beauté suprême. Chef-d’œuvre de la nature, il me faut le saisir. Au premier plan de cette fascinante photographie en noir et blanc, le Dirruhorn s’élève et, de son envergure royale, pointe vers le ciel. Également appelé Dürrenhorn, il marque le début de la Nadelgrat et culmine à 4034 mètres au cœur des Alpes valaisannes. Et je garde un souvenir grandiose du jour où j’ai gravi avec Vivian Bruchez le long couloir qui traverse sa face. Porté par l’élan de sa cime, notre regard rejoint au second plan le Seigneur du Valais. Le Cervin se dresse vaillamment, soutenu sur sa gauche par la Grivola, célèbre sommet des Alpes italiennes, et sur sa droite par la Dent d’Hérens.

J’ai réalisé ce portrait du Dirruhorn en 2023. Seul jour de cette année où pareil spectacle s’est offert à moi. Seul jour où les éléments se sont accordés pour glorifier la splendeur des Alpes. La neige accrochée à la montagne, l’angle des rayons du soleil sur ses parois immaculées. Jamais auparavant je n’avais photographié une mer de nuages à si haute altitude. Tout dans ce tableau relève de l’exceptionnel. Un vent trop impétueux, quelques degrés de plus, une lumière différente et la féérie se meurt. L’instant est précieux, alors savourons-le !

J’aime les contrastes qui donnent vie à l’œuvre. La douceur des teintes qui sublime la beauté de ce panorama céleste. Le graphisme du tableau exprimant à lui seul la grandeur des montagnes. Cet enchaînement de pyramides surgissant de la brume comme des îlots de paix au milieu des tourments. J’ai photographié le Dirruhorn comme je vous invite au voyage. À parcourir ses crêtes comme à contempler ses flancs. La texture de sa roche recouverte de neige. Les légendes qui se créent au fil de ses lignes. La profondeur de la brume et la légèreté des vents. Ode pure et intense en l'honneur des Alpes et de ses plus beaux sommets.