Puissance céleste de l’Eiger, qui s’élève au-dessus de Grindelwald, dans les Alpes bernoises. L’ogre suisse a sans doute été nommé ainsi en hommage aux nombreux alpinistes morts d’avoir défié son impressionnante paroi nord. Celle-ci fait partie des cinq faces nord les plus mythiques des Alpes, avec celles du Cervin, des Grandes Jorasses, du Piz Badile et de la Cima Grande. Versants indomptables entre ciel et terre.

J’ai réalisé cette photographie aérienne de format carré par hélicoptère. Je suis allé à la rencontre de l’Eiger pendant plusieurs années avant d’avoir la chance d’assister à ce spectacle, grandiose et irréel. Ce jour-là, les éléments sont entrés en symbiose pour m’offrir ce portrait envoûtant du fabuleux Eiger. L’hiver bat son plein et les tempêtes se succèdent aux portes des Alpes suisses. Les perturbations venant du nord se déversent sur la muraille de Grindelwald avant d’atteindre les autres sommets. À cet instant précis, la montagne a survécu à la fureur de la tempête. Sa face nord sommeillera dans l’ombre jusqu’au retour printemps. Encore assailli par le vent, l’Eiger transperce les nuages tel un épieu de roche pour rejoindre le soleil. En arrière-plan, le Schreickhorn et le Lauteraarhorn émergent eux aussi d’une mer de nuages, donnant une profondeur mystique au tableau. Hymne à l’Eiger, cette photographie est le fruit d’un rêve entêtant : celui d’immortaliser par mon art la beauté sauvage du sommet, sa silhouette exceptionnelle et son charisme de légende.