Ce panorama met à l’honneur les géants de Zermatt, ces montagnes légendaires aux airs himalayens. Au premier plan, le massif du Mont-Rose dévoile sa grandeur, avec le Nordend et la Pointe Dufour, point culminant de la Suisse. Le regard vogue ensuite vers l’élégant Liskamm, avec son arête très effilée. Puis viennent les célèbres monts Castor et Pollux. Le voyage touche à son apogée avec le Breithorn et la traversée de ses cinq sommets de plus de 4000 mètres d’altitude.

J’ai réalisé cette photographie panoramique à la frontière italienne, à 4000 mètres d’altitude. Elle met en lumière ce grand plateau glaciaire des hauteurs de Zermatt, encore très enneigé malgré le réchauffement du climat. Dans une trentaine d’années, c’est certainement dans ce secteur de très haute altitude que l’on pourra observer les derniers glaciers des Alpes. Chaque année la montagne évolue. Les glaciers diminuent progressivement et de plus en plus vite. Sur les glaciers autrefois immaculés apparaissent désormais des crevasses. C’est à la fois tellement triste pour la nature et si esthétique à photographier que je suis sans cesse tiraillé entre deux sentiments. Une admiration infinie pour les trésors que recèle la haute montagne et une profonde colère face au destin irrémédiable auquel elle est vouée. Amoureux fou de ces sommets, ces émotions fortes me bouleversent et guident mon art.

Dans cette œuvre, nous sommes en hiver, les températures sont très basses. Le soleil de l’après-midi déploie ses rayons après les assauts de la tempête. Le vent impétueux frappe les sommets, empêchant la neige d’adhérer à leurs parois. Cette lumière hivernale de milieu de journée est rarement présente dans mes œuvres. La douceur des tons argentés met en valeur les géants de roche et de glace culminant à plus de 4000 mètres au-dessus de Zermatt. J’aime l’aspect que prend cette muraille céleste qui semble dominer le monde. Par un jeu de perspective, les blocs qui la composent semblent juxtaposés, clamant ainsi leur puissance et leur authentique beauté.