Sur cette photographie panoramique, je mets à l’honneur le mont Cervin, ou Matterhorn, et la Dent d’Hérens, deux des plus beaux sommets des Alpes valaisannes, en Suisse. L’image révèle la face la moins connue du Cervin. Du val D’Hérens, le versant ouest de la montagne apparaît ici en majesté, délimité par les arêtes de Zmutt et du lion, par laquelle on escalade ce colosse depuis l’Italie. En arrière-plan, le massif du Mont-Rose, avec le Liskamm et le Breithorn, apportent du relief au tableau. Au premier plan, la Tête Blanche constitue la dernière étape de la haute route entre Chamonix et Zermatt. La tête de Valpelline apparaît également sur la droite.

J’ai réalisé cette œuvre un matin de printemps, alors que les premiers rayons de soleil commençaient à peine à caresser les sommets enneigés. Il m’a fallu beaucoup de patience et de persévérance pour réussir à immortaliser ce paysage exceptionnel. Pour atteindre ce point de vue, j’ai dû marcher pendant deux jours. À cinq reprises, je m’y suis rendu à ski ou à pied sans jamais avoir la chance de pouvoir admirer ce panorama grandiose. À chaque fois, la tempête grondait ou bien la vue était bouchée par les nuages. Impossible de capturer la pureté de ces massifs de haute montagne. Puis un jour, le miracle s’est produit. Les chutes de neige ont laissé place au soleil et la nature m’a offert un spectacle époustouflant. J’avais enfin face à moi l’un des plus beaux points de vue des Alpes. Un privilège incroyable que je suis heureux de vous faire partager.

Cette photographie me touche particulièrement. J’aime beaucoup la douceur de ses contrastes. Le jeu d’ombre et de lumière met en valeur les matières qui donnent vie à l’image. Le velouté de la neige, intacte et éclatante, m’apaise et m’émerveille à la fois. Je rêve d’aller vivre une nuit tout là-haut, entre ciel et terre. Mais le défi est de taille : le matériel pèse lourd et les crevasses sont nombreuses sur la route menant au glacier.

J’ai réalisé ce tableau en 2018. Depuis, le paysage a beaucoup évolué à cause des effets du réchauffement climatique. Les températures caniculaires de 2022 ont eu un impact énorme sur les hauts reliefs. Beaucoup de crevasses se sont ouvertes. Les générations futures ne connaîtront jamais la haute montagne telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui. Face à ce constat tragique, je réalise l’importance de la mission que je me suis donnée : transmettre un héritage à travers mes œuvres. Immortaliser la beauté transcendante d’un royaume céleste que l’on imagine éternel mais qui n’est malheureusement qu’éphémère. Voilà l’urgence à laquelle je dois faire face et le feu qui m’anime inlassablement.