Cette photographie panoramique en noir et blanc nous met face à l’immensité du Mont Blanc de Cheilon. Dominant le val d’Héremence et la vallée des Dix, la montagne s’élève près du val d’Hérens, dans les Alpes valaisannes. Au centre de l’œuvre, le sommet du Cheilon se dresse à 3870 mètres d’altitude, tandis que son voisin, le sommet d’Hiver, culmine à 3827 mètres d’altitude. J’ai eu la chance de réaliser sa traversée à skis de randonnée. Je garde un souvenir incroyable de cette descente impressionnante, entre les crevasses qui bardent sa paroi. Et que dire de la splendeur de ses glaciers suspendus, qui alimentent en contrebas le barrage de la Grande Dixence.

Cette magnifique photographie immortalise un moment rare. Celui où le Mont Blanc de Cheilon apparaît totalement plâtré de neige après une tempête. J’ai longtemps guetté cet instant magique où il se révélerait ainsi, tel un géant himalayen offrant au soleil levant sa face nord immaculée. À force de le contempler, je me suis imprégné de sa géométrie. Ses faces qui s’assemblent et réfléchissent la lumière de manière si particulière. Comme un diamant taillé brille de mille feux. Hypnotisante montagne. En son honneur, j’ai choisi des teintes argentées qui révèlent ses formes. La beauté de sa roche et de ses séracs. Comme un voyage vers l’infini, notre regard y découvre sans cesse de nouvelles richesses.

Lorsque je suis arrivé en Suisse, il y a longtemps maintenant, je me suis rendu à la cabane des Dix et je l’ai contemplé. Le Mont Blanc de Cheilon dans toute sa grandeur. À cet instant précis, j’ai compris ce que serait mon destin. J’ai ressenti au plus profond de moi la beauté éternelle de la haute montagne. Face à lui, je savais désormais ce qu’était ma mission. Devenir photographe de haute montagne. Mettre mon art au service de la nature. Transmettre l’héritage du monde d’en haut et préserver la splendeur d’un royaume céleste en proie à la folie des hommes.