Voyage éblouissant le long de l’arête Nadelgrat, à la frontière entre les vallées de Saas Fee et de Zermatt, au cœur des Alpes suisses. Elle traverse plusieurs sommets de plus de 4000 mètres d’altitude, tous réputés pour leur magnifique face nord. J’ai réalisé ce cliché avec un appareil de 100 mégapixels doté des toutes dernières technologies en matière de capteurs numériques. Le résultat est incroyable : le rendu des tirages en grand format est exceptionnel et la qualité de l’œuvre unique.

Il s’agit là de l’une de mes plus belles photographies de montagne. Je l’ai réalisée au printemps 2022, durant la seule journée de précipitations neigeuses qu’a connue le canton du Valais cette année-là. Lorsque j’admire cette œuvre, je ressens toujours beaucoup d’émotions. Elle m’évoque tant de souvenirs fabuleux. L’année précédente, j’avais effectué la traversée de l’arête Nadelgrat, ce long cheminement de sommets en sommets, perché entre terre et ciel. Communier corps et âme avec la nature, s’élever au-delà de soi jusqu’à atteindre les cieux. L’intensité des sentiments qui m’envahissent alors est à la hauteur de la beauté grandiose et démesurée de cette arête.

Cette œuvre réunit tout ce qui anime mon art. Cette impression de grandeur et de pureté qui porte la montagne en majesté. Immensité céleste d’une nature sauvage à l’aube des temps. L’envolée des sommets, entre ombre et lumière. La texture incroyable de la neige illuminée par les premiers rayons du soleil. L’intensité dramatique de la scène soutenue par un flot de nuages qui offre une profondeur inouïe au tableau. Une image suffit ici à raconter la beauté du monde.

En un instant, le ciel s’est dégagé, dévoilant à qui saurait le voir ce spectacle merveilleux. L’arête Nadelgrat en véritable forteresse, bardée de séracs er de crevasses gigantesques comme autant de contreforts protégeant le Dom, visible au second plan. Du haut de ses 4545 mètres d’altitude, il est le plus haut sommet de Suisse. N’est-ce pas plutôt la pointe Dufour, me direz-vous, que l’on distingue sur sa gauche ? Elle le surpasse de quelques mètres mais se dresse à cheval entre la Suisse et l’Italie. Derrière la muraille de roche et de glace, s’élèvent les sommets mythiques des vallées de Saas Fee et de Zermatt, émergeant de la brume juste après la tempête. L’Allalinhorn, le Rimpfischhorn et le Strahlhorn sur la gauche, le Petit Cervin, le Breithorn et les célèbres Castor et Pollux sur la droite. Cette fenêtre sur l’infinie beauté du monde ne s’est ouverte devant moi que pendant quelques minutes. Instant de magie trop vite effacé par le retour des nuages qui se sont empressés d’engloutir les sommets. Souvenir fugace et ô combien éternel.