Traversée céleste à l’aube de l’hiver. Cette photographie panoramique met en lumière l’Obergabelhorn tout juste sublimé par les premières neiges. Souveraine de la Couronne impériale de Zinal, la montagne émerge d’un flot de nuages. Créature millénaire si chère à mon cœur. Jamais je ne me lasserai ni de la parcourir ni de la contempler. À l’horizon s’élèvent les sommets du Mont-Rose, rendant ainsi hommage au géant du Valais. La Nordend, la pointe Dufour, la Zumsteinspitze, la Pointe Gnifetti et la Parrotspitze. Tandis que, sur la droite, notre regard s’envole par-delà la brume au sommet du Lyskamm.

L’Obergabelhorn apparaît sur cette œuvre dans toute sa grandeur. De l’ombre à la lumière, il nous dévoile ses mystères, la splendeur de ses flancs, ses arêtes grandioses. Voyez sur la droite comme l’Arbengrat déchire le ciel. Sa roche acérée, presque dentelée, semble invulnérable. Et quand, au corps-à-corps, elle nous blesse les mains, nous laissons sur ses crêtes une part de nous-même. L’arête du Cœur, au centre du tableau, nous guide entre deux mondes jusqu’au sommet. Mais, c’est bien l’arête de la voie normale qui nous conte ici la plus belle histoire. Celle d’un voyage à l’orée du ciel. Une traversée impérissable. Voyez comme elle dessine la croupe sensuelle de l’Obergabelhorn. La neige lui prodigue une silhouette douce et si élégante. Alors, nous voilà plongés au cœur d’un rêve. De la Wellenkuppe, que le soleil effleure, nous franchissons le grand gendarme avant de rejoindre la cime de l’Obergabelhorn.

J’aime ce contraste qui unit les arêtes autant qu’elle les distingue. Chacune s’aventure entre Terre et ciel d’une façon qui lui est propre. Indomptable ou docile, abrupte ou délicate. À l’image des Alpes et des plus hauts sommets qui n’accueillent les hommes qu’au gré de leurs désirs. J’aime la singularité d’une nature reine qui crée à l’infini et nous surprend sans cesse. J’admire ce royaume de vents et de roche qui se joue de nos cœurs quand il devient blanc.