Odyssée céleste à la frontière entre le val d’Anniviers et la vallée de Zermatt, dans les Alpes suisses. Cette photographie panoramique en noir et blanc met en scène trois montagnes mythiques de plus de 4000 mètres d’altitude. Le Cervin, la Dent d’Hérens et la Dent Blanche, imposantes pyramides valaisannes, exposent leur manteau de neige fraîche aux premiers rayons du soleil. Au premier plan, on distingue dans l’ombre le mont Durand et la Pointe de Zinal, dont l’arête mène au sommet de l’impressionnante Dent Blanche. Il m’a fallu trouver une faille dans cette forteresse imprenable pour réussir à faire apparaître le Cervin / Matterhorn et la Dent d’Hérens derrière le col Durand et le col de Zinal.

Nous sommes au début de l’été. J’ai attendu de nombreuses années avant qu’une tempête de neige de cette envergure frappe la montagne à la belle saison. Car c’est là que la lumière est la plus belle, éclairant les faces les plus monumentales des sommets. Ainsi mises en valeur, les parois du Cervin, de la Dent d’Hérens et de la Dent Blanche incarnent la grandeur et la puissance des Alpes, la pureté infinie de la haute montagne. Pour réaliser ce panorama exceptionnel, je devais être là au bon moment. Face à l’instabilité du temps, je n’avais aucune certitude. Mais, il fallait que j’y aille. Que je me place au bon endroit, guettant l’évolution des vents. Je ne pouvais pas prendre le risque de passer à côté de cette occasion unique.

Lorsque j’ai vu le ciel se déchirer, j’ai tout à coup compris qu’une chance inestimable m’était offerte. Celle de pouvoir immortaliser la splendeur de ces montagnes mythiques, alors que les premiers rayons du soleil effleurent leurs parois enneigées. Ces instants sont de plus en plus rares. Le paysage évolue, le temps se réchauffe et la neige tombe moins souvent. Alors je me dois d’être plus vigilant. Attentif aux volontés des éléments pour poursuivre ma quête. Transmettre dans mes photographies l’âme des montagnes. Quand la nature peint les rochers de blanc et sculpte l’horizon. Quand les nuages laissent place au soleil, jouant d’ombre et de lumière pour sublimer les sommets. Quand le tableau révèle la profondeur de ce royaume qui me fait tant rêver.