Sur cette magnifique photographie, se dévoile l’impressionnante arête du Biancograt. Elle mène au sommet du Pizzo Bianco, l’un des monts les plus célèbres de la chaîne de la Bernina. Ce massif des Alpes culmine au-dessus de Saint-Moritz, faisant frontière entre la Suisse et l’Italie.

J’ai réalisé cette œuvre au printemps, après le passage de l’une des dernières tempêtes de la saison froide. La nature m’a ici offert une ultime chance de capter cette lumière hivernale si particulière qui révèle, par un jeu d’ombre et de lumière, l’imposante splendeur de ses sommets. Beauté éphémère de colosses de roche et de glace chaque année plus affaiblis par les effets néfastes du réchauffement climatique.

La photographie de haute montagne en noir et blanc doit réussir à transmettre la puissance et la grandeur des sommets sans trop en forcer les contrastes. Il s’agit de glorifier la nature tout en la respectant. Et c’est là le véritable défi que je me suis lancé. Cette œuvre nous envahit d’émotions tout en mêlant douceur et équilibre des tons. Elle nous bouscule et nous apaise à la fois.

J’aime particulièrement la force graphique qui se dégage du tableau. La luminosité flamboyante du versant est du Pizzo Bianco, fraîchement couvert de neige, et l’ombre protectrice de son autre paroi, que la tempête a épargnée. Une image proche de l’abstraction et regorgeant pourtant de vie. Deux pans d’une même réalité. Yin et Yang d’une nature qui fait face au chaos pour mieux renaître au matin.

Au-delà des nuages qui enveloppent la montagne, j’ai réussi à capturer l’esthétique parfaite de l’arête du Biancograt, franche et ciselée. La portée céleste de la photographie me touche énormément. Cette sensation de suivre du regard un chemin menant jusqu’aux cieux. Éclat transcendant d’une voie nous guidant au-delà du royaume des hommes. Certainement l’un de mes plus beaux clichés.