Le Cervin se dresse immaculé au cœur des Alpes valaisannes. J’ai tant de fois rêvé de donner vie à ce portrait. Pendant plus de dix ans, j’ai guetté chaque jour la montagne. Dans l’attente fébrile de cet instant précis où cette pyramide gigantesque apparaîtrait totalement blanchie tel un diamant étincelant de pureté. J’ai réalisé cette photographie en noir et blanc par hélicoptère un matin d’été. Alors que le Cervin venait d’affronter l’une des rares tempêtes qui balaient les sommets en cette saison. Moment d’autant plus exceptionnel qu’aucun nuage n’est visible à l’horizon. La montagne mythique attire pourtant les caprices du temps. À la frontière entre la Suisse et l’Italie, elle brave les courants contraires. Voyez comme les sommets suisses sont enneigés sur la droite du tableau quand les montagnes italiennes sont à peine saupoudrées sur la gauche. La photographie immortalise ainsi le Cervin comme on le contemple rarement.

Face à nous, l’arête du Hörnli nous mène par la voie normale à la cime de la montagne. Sur la droite, l’arête de Zmutt dessine la croupe de ce sphinx de roche, tandis que sur la gauche, l’arête de Furggen est la voie d’accès la plus difficile à gravir pour atteindre le sommet. En arrière-plan, les massifs s’enchaînent. Reconnaissez-vous ces cimes légendaires ? La Dent d’Hérens joue avec l’ombre du Cervin. Projetée sur la Tête de Valpelline, celle-ci révèle la verticalité de ses parois. Puis, notre regard vogue du Grand Combin jusqu’au mont Blanc et son massif à l’horizon.

J’ai réalisé ce fabuleux portrait du Cervin afin de mettre en lumière sa grandeur et sa pureté incomparables. J’ai choisi pour cela des contrastes doux qui contrebalancent avec son infinie puissance. Pour lui redonner la place centrale qu’il mérite. Sous le regard bienveillant du mont Blanc, il domine les vallées. Roi des Alpes et joyau de la nature, le Cervin est sans conteste la plus belle montagne du monde.