Voyage épique au cœur de la Couronne impériale de Zinal, à la frontière entre le val d’Anniviers et la vallée de Zermatt. Sur cette photographie en noir et blanc, deux sommets mythiques des Alpes suisses s’élèvent en majesté. Au premier plan, la silhouette élancée du Zinalrothorn, culminant à 4221 mètres d’altitude, me rappelle celle des célèbres aiguilles de Chamonix. L’image met en lumière l’arête du Rothorn et la voie normale, la plus facilement praticable pour atteindre le sommet, deux magnifiques courses prisées des alpinistes. Au second plan, l’imposant Weisshorn domine tout le massif du haut de ses 4506 mètres d’altitude. Sur cette œuvre, ses trois arêtes sont superbement dessinées. Sur la gauche, son incroyable arête nord traverse le Grand Gendarme, parfaitement aligné sur le sommet du Zinalrothorn. Au centre, la Schaligrat se dévoile entre ombre et lumière. La gravir demeure l’une des plus belles aventures à laquelle nous invitent les Alpes. Sur la droite, entièrement plâtrée de neige, apparaît la voie normale menant au sommet.

J’ai réalisé ce panorama exceptionnel en hiver, alors que la montagne était en proie aux effets imprévisibles et violents d’une tempête de foehn. Lorsqu’un tel phénomène déferle sur la frontière italienne des Alpes, les météorologistes sont démunis et leurs prévisions sont imprécises. Il ne me reste alors plus qu’à y croire de toutes mes forces et à tenter ma chance auprès des sommets. Se rendre sur place, attendre, espérer, courber le dos et persévérer jusqu’à ce jour heureux où la nature accepte enfin de nous dévoiler son absolue beauté. Voilà le lot quotidien du photographe de montagne. Et c’est aussi pour cela que j’aime mon métier. Une aventure perpétuelle, rythmée par l’inattendu et connectée à la nature, qui aboutit à la mise en lumière de moments merveilleux et intemporels dont seule la haute montagne a le secret.

Cet instant magique, j’en ai rêvé pendant plusieurs années. Je brûlais d’immortaliser ainsi ces montagnes de légende. Le Zinalrothorn tel une aiguille acérée pourfendant les nuages pour atteindre le ciel. Le Weisshorn, pyramide naturelle à l’esthétique parfaite dominant implacablement les airs. Ses trois faces possèdent chacune une envergure de plus de 1000 mètres. Maître incontesté de la Couronne impériale, il déploie avec élégance son manteau d’ombre et de lumière. Comment rester insensible à un tel chef-d’œuvre de la nature ! L’intensité dramatique qui se dégage du tableau est incroyable. J’aime les contrastes puissants et profonds qui sculptent ce portrait. Et l’équilibre saisissant des deux sommets apporte sérénité et force à la photographie.